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Adieu Belle Dame

Adieu Belle Dame.

Acteurs ensorcelés, nous allions jouer, ô Belle Ame, la poursuite du Faune dans la forêt mouvante, découpant les flèches obliques du soleil semant dans sa chevelure d'éblouissants reflets. Au lavoir enclavé au terme de la rivière, les ombres des lavandières d'antan cessaient leur babillage rythmé par les coups des battoirs, pour regarder passer deux elfes enlacés -feu-follet incertain, tournoyant et riant comme un écho qui s'éloigne très vite, laissant derrière lui une douce fragrance qui rend mélancolique.

Laissant le sable fin où nous roulions mêlés, émerveillés par le jour renaissant sur une mer de feu -naïade élancée debout sur un rocher, projetant son ombre sur la lande épineuse, ou vision étourdissante d'une nymphe dansant nue sous la cascade de lumière, ses longs cheveux d'ébène plaqués sur ses frêles épaules.

Nous avancions sous la cathédrale de verdure aux vitraux aériens -frondaison frémissante. Elle me regardait, m'interpellant d'un monde au-delà de ses yeux. Je la suivis pour franchir le Grand Portail. Nous venions d'emprunter le céleste passage ouvrant sur l'horizon des rêves des Anciens où vivent les êtres du Petit Peuple, baignant dans un univers de couleurs se fondant l'une dans l'autre, estompant les coutours. Devant nous, les dunes de sable blanc où les langues amoureuses de l'océan, lèchent un ponton de bois qui s'avance sur les ondes brillantes. D'ici, partent, toutes voiles dehors, des vaisseaux silencieux vers des brumes fantastiques.

Dans un reflet éblouissant, imprégnés du chant de "La mort d'Orion" qui raisonnera toujours, nous flottions sur les ailes de cristal. Moi, pauvre innocent romantique, j'ai cru longtemps au rêve; j'ai du franchir les portes et revenir en un monde où le temps nous décompose.

Des poètes, des artistes solitaires, des guerriers ou des philosophes, les héros ont surgi de ma mémoire, l'enfant imaginant une utopique histoire, le fruit de notre éveil.

J'irai chercher, Belle Ame, l'héroïne lointaine. Peu importe le nom qu'elle portera, je la retrouverai dans les yeux d'une belle inconnue. Nous parcourrons de nouveau, redécouvrant ensemble les secrets du monde, les marches ruisselantes de Shiva.

La Belle Dame sans merci nous saluera peut-être.

-Adieu, Belle Dame!

Réunis, toi et moi, je ne la suivrai plus.

 

GL

 

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